ou comment modifier votre ADN en modifiant votre comportement !
L’épigénome est une interface entre nos gènes statiques et notre environnement variable.
Alors que le génome d’un individu reste très stable au cours de sa vie, l’ensemble des marques épigénétiques qui règlent l’expression des gènes, son épigénome, varie constamment en réactions aux variations extérieures.
Freud avait déjà observé il y a plus d’un siècle, que les traumatismes psychologiques laissaient une trace indélébile à l’âge adulte.
Depuis, une multitude d’études cliniques l’ont confirmé : ceux qui ont subi de grands traumatisme dans l’enfance sont globalement plus sujets à la dépression, à la toxicomanie, aux comportements associaux, mais aussi à l’obésité, au diabète et aux maladies cardio-vasculaires. Ce mal-être s’ancre parfois en nous AVANT la naissance !
Comment des expériences négatives peuvent-elles s’inscrire dans l’organisme au point d’affecter durablement le comportement ou la santé ?
Le secret de cette empreinte biologique serait niché dans l’ADN, là où les effets du stress peuvent perturber l’organisme.
Ce pouvoir étrange de l’esprit sur le corps a été montré en 2004 par la biologiste Elizabeth Blackburn, prix Nobel de médecine en 2009, et Elissa Epel, psychiatre à l’université de Californie : L’extrémité des chromosomes (les télomères) est altérée (les télomères raccourcissent) par le stress psychologique chronique.
Ce n’est pas tout : le stress inscrit également sa marque directement sur nos gènes, modifiant de façon ciblée et durable certains de nos comportements !
Cette action relève d’un phénomène biologique dont l’importance se dévoile aujourd’hui : c’est L’EPIGENETIQUE.
L’Epigénétique concerne les modifications chimiques qui affectent l’ADN autres que les mutations qui touchent la structure même de la molécule. Ainsi, des groupements méthyles viennent en cas de stress, parasiter l’ADN dans l’utilisation des gènes. A son tour, la zone cérébrale qui gère l’hippocampe et les émotions, s’en trouve affectée.
C’est parfois en remontant très loin dans l’histoire d’un individu, AVANT SA NAISSANCE, que l’on trouve la source de la maladie. Certaines mémoires de stress peuvent remonter à plusieurs générations, comme celles laissées par exemple par la famine. Elles peuvent être décryptées en psychogénéalogie.
Les chercheurs pensent que la plupart des maladies chroniques comme l’asthme, le cancer, le diabète, l’obésité, et des maladies neurologiques telles que l’autisme, les troubles bipolaires, la schizophrénie, résultent en partie d’une mauvaise régulation épigénétique lors des tous premiers stades de développement.
HEUREUSEMENT LE PHENOMENE EST REVERSIBLE !
Soit par une médication ciblée, soit par l’apprentissage d’émotions positives à l’aide par exemple de la relaxation, la méditation, l’activité physique choisie.
Contrairement à ce qu’affirmaient les scientifiques dans les années 1990, nous ne sommes donc pas uniquement le produit de nos gènes, mais nos expériences, nos émotions, et même nos actions, façonnent l’expression de ces gènes en permanence, avec la certitude que rien n’est irrémédiable.
L’épigénétique est la plus grande découverte en biologie de ces cinquante dernières années. Les gènes et les caractères génétiques qui constituent l’ADN sont comme des notes de musique sur une portée, et l’épigénétique est la symphonie qui en découlera grâce au talent du chef d’orchestre et de ses musiciens.
En d’autres termes, l’épigénétique est la modulation de l’expression de nos gènes en fonction de notre comportement relatif à 5 éléments connectés constamment dans nos vies de tous les jours:
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Notre alimentation, ce que nous mangeons, notre façon de nous nourrir nous et les centaines de milliers de milliards de microbes qui constituent en majeure partie chacun de nous
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Une activité physique appropriée
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Notre façon personnelle de gérer le stress (nos pensées influent également sur l’expression de nos gènes)
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Le plaisir dans ce que nous faisons
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Un réseau social, amical et familial qui nous rend heureux
Ces cinq éléments sont coordonnés dans un cadre global et si on joue d’eux sur de bons accords et en synergie, on peut se maintenir en bonne santé, retrouver une santé optimale, ainsi que vieillir moins vite.
L’impact de ces 5 éléments, modulant l’expression des gènes, cela veut dire que oui, vous pouvez faire quelque chose pour vous !
Quelle symphonie choisissez-vous de jouer ?
La pratique de la relaxation induit des modifications dans la transcription des gènes, dans le métabolisme énergétique, dans la sécrétion de l’insuline et dans les réactions inflammatoires.
Le déclenchement de la réponse à la relaxation – un état physiologique de repos profond induit par des pratiques comme la méditation, le yoga, le Qi gong, les pratiques énergétiques, le tai chi, la respiration profonde – produit des changements immédiats dans l’expression de gènes impliqués dans la fonction immunitaire, le métabolisme énergétique et la sécrétion d’insuline.
Publiée dans la revue scientifique PLoS ONE, l’étude a combiné les technologies avancées du profilage de l’expression et des systèmes technologiquement avancés d’analyses de biologie pour à la fois identifier les gènes touchés par la pratique de la relaxation et déterminer la pertinence biologique de ces changements.
EXPERIENCES
En 2008, Benson et Libermann ont mené une étude concluante démontrant que la pratique à long terme de la relaxation modifie l’expression des gènes impliqués dans la réponse du corps au stress.
La présente étude a examiné les changements produits au cours d’une seule séance de pratique de relaxation, ainsi que celles qui ont lieu sur de plus longues périodes de temps.
L’étude a porté des adultes en bonne santé qui n’avaient aucune expérience dans la pratique de la relaxation, qui ont ensuite suivi une formation de pratique à la relaxation pendant 8 semaines.
Avant de commencer leur formation, les participants sont passés par une session de divers examens : des échantillons de sang ont été prélevés avant et immédiatement après qu’ils aient écouté un CD de 20 minutes, et à nouveau 15 minutes plus tard. Après avoir terminé leurs cours de formation aux pratiques de la relaxation, un ensemble de tests sanguins similaires aux premiers examens a été réalisé avant et après que les participants aient écouté un CD de 20 minutes utilisé pour déclencher la réponse de relaxation dans le cadre de la pratique quotidienne.
Les séries de tests sanguins prélevés avant le programme de formation ont été désignés «novices», et celles prises après l’achèvement de la formation ont été classés comme des «pratiquants de courte durée »
Pour de plus amples comparaison d’échantillons de sang des examens sanguins similaires ont été prélevé sur des groupes de personnes de 4 à 25 ans avant et après qu’ils aient à leur tour écouté le même CD, ces personnes pratiquant régulièrement la relaxation dans de nombreuses techniques différentes.
Des échantillons de sang de tous les participants ont été analysés pour déterminer l’expression de plus de 22.000 gènes dans les différents intervalles de temps.
Les résultats ont révélé des changements significatifs dans l’expression de plusieurs groupes importants de gènes entre les échantillons ‘novices’ et ceux des deux sets à court et à long terme, avec des changements encore plus prononcés chez les ‘pratiquants de longue durée’ (8 semaines)
Une analyse de la biologie des systèmes d’interactions connus entre les protéines produites par les gènes a révélé que les voies impliquées dans le métabolisme énergétique, en particulier la fonction des mitochondries, ont été régulés à la hausse au cours de la pratique de relaxation. Les voies contrôlées par l’activation d’une protéine appelée NF-kB – connue pour avoir un rôle important dans l’inflammation, le stress, le traumatisme ainsi que le cancer – ont été supprimées après le déclenchement de la réponse à la pratique de la relaxation. L’expression des gènes impliqués dans les voies de l’insuline ont également été significativement modifiés.
Benson souligne que les pratiquants de relaxation de longue durée dans cette étude ont appliqué la relaxation dans de nombreuses techniques différentes – différentes formes de méditation, le yoga ou la prière – et que ces différences ne sont pas reflétées dans les profils d’expression des gènes. «Les gens ont recours à différentes formes de pratiques de relaxation depuis des milliers d’années, et notre découverte est basée sur des faits scientifiques, les niveaux génomiques apportent une plus grande crédibilité à ce que certains appellent de la « Médecine New Age, » explique Benson, docteur en médecine, directeur émérite et co-auteur senior de l’étude.